Jour 4, la péninsule de Vatnsnes
04 Septembre 2013
Première journée dans la Nord de l’Islande, après une nuit au refuge de montagne de Þjófadalir, perdu à quelques kilomètres de la piste de Kjölur qui relie le Sud au Nord. C’est sous le soleil que nous découvrons la péninsule de Vatnsnes : village de pêcheurs, observation des phoques et plages de sable noir…
La piste de Kjölur, au Nord de Hveravellir
Le réveil est toutefois difficile ce matin au refuge de Þjófadalir : nuit courte, peu de confort, pas de douche ni de petit-déjeuner… Dehors les sommets sont enneigés et il fait beau ! Nous remontons la vallée et la montagne pour retrouver le 4×4 que nous avions laissé la veille. À Hveravellir, court arrêt toilettes avant de partir. Départ vers 10h, il fait beau et le soleil est masqué par de rares nuages. La piste de Kjölur sur cette portion au Nord de Hveravellir est vraiment de meilleure qualité. On rencontre peu de nids de poule, ce qui permet d’avoir une allure constante et agréable (à 80 km/h sur route non asphaltée).
En chemin, on rencontre un troupeau de moutons qui est rabattu par des bergers à cheval. Il s’agit du réttir, le grand rassemblement des troupeaux. À la fin de l’été en Islande (première quinzaine de Septembre), les paysans parcourent les landes à cheval pour rassembler les moutons (ou les chevaux dans le Nord de l’île) qui ont passé tout l’été en liberté. Cela en est devenu une véritable attraction, avec ces longues files de moutons se déplaçant aux bords des routes et le tri des moutons, réalisé dans un enclos circulaire divisé en petites sections, où chaque section appartient à un éleveur. C’est une journée importante pour les Islandais, ancrée dans le folklore national.
La piste de Kjölur longe la rive Ouest du lac Blöndulón et passe par le sommet de la montagne Afangafell. Un parking permet de s’y arrêter pour admirer la vue à 360°C sur les environs. La piste se perd à l’horizon, sillonnant dans un désert de cendres et de cailloux. Cette portion de piste au Nord de Hveravellir est peut-être un peu plus ennuyeuse car elle est beaucoup plus désertique et il y a moins de points remarquables. Néanmoins, la qualité de la piste permet de réduire considérablement le temps de parcours que nous avions estimé et nous gagnons une bonne demi-heure.
Vatnsdalur, la « vallée de l’eau »
En se rapprochant de la route n°1, les paysages changent. De hautes montagnes râbles se dessinent et la végétation reprend ses droits. Aux pieds de ces montagnes, la route passe dans de grandes vallées verdoyantes alimentées par des rivières, des lacs ou des marais et où se nichent de nombreuses fermes agricoles. On y croise de nombreux élevages de chevaux, de moutons bien sûr mais également de vaches.
On quitte la piste F35 pour la route 731 longeant le lac Svínavatn avant de rattraper la route n°1 en direction de la péninsule de Vatnsnes, située en bordure des fjords de l’Ouest. Cette portion de route, entre Hvammstangi et Blönduós s’appelle Vatnsdalur, la « vallée de l’eau », du fait des nombreuses cascades qu’on y trouve. Il s’agit également d’une région d’Islande à la faune et flore très riches. Il est d’ailleurs possible que des ours polaires arrivent sur les rivages de la baie de Húnaflói, dérivant sur des icebergs en provenance du Groenland, d’où son surnom : « la baie des Ours ».
Le tour de la péninsule de Vatnsnes, qui fait moins de 50 km, se fait aisément en une demi-journée par la route 711. Elle est réputée pour abriter la plus grande colonie de phoques de l’île, alors si vous souhaitez en observer, c’est ici qu’il faut se rendre, si possible par beau temps et à marée basse, accompagné de jumelles c’est encore mieux !
L’Ouest de la péninsule de Vatnsnes : village de pêche, phare et phoques
Premier arrêt dans le village de pêcheurs Hvammstangi, qui abrite le centre islandais du phoque, près du port où sont amarrés quelques bateaux de pêches aux couleurs vives... Le village est joli, avec un petit cours d’eau s’écoulant de la montagne jusqu’à la mer, en passant devant une belle église blanche et devant des maisons aux façades colorées. Arrêt au café-restaurant Hlaðan kaffihús pour déjeuner. Le cadre est charmant, en bordure du port, le café propose des tables en terrasse et l’intérieur est joliment décoré et douillet. On ne pouvait pas s’arrêter manger dans un village de pêcheurs sans goûter leur poisson du jour : au menu truite fraîche et légumes, léger et délicieux. Les desserts sont également appétissants et faits maison, nous repartons avec un sachet de cookies…
Après une courte balade digestive dans le village jusqu’à l’église, nous reprenons la route vers le Nord. La route longe la côte, encadrée à l’Est par de grandes collines escarpées et dentelées et à l’Ouest par une alternance de falaises et de plages de sable noir. Quelques kilomètres plus loin, le phare blanc de Syðraskarð se dresse à l’entrée du fjord Miðfjörður. Un court arrêt permet de bénéficier d’une vue splendide sur les pics de la côte du Strandir des fjords de l’Ouest, illuminés par un soleil éclatant. Qu’il est bon de pouvoir enlever sa veste !
Le premier point d’observation des phoques se situe à Svalbarð. L’endroit est facilement accessible et indiqué par un panneau de signalisation. Un chemin permet de rejoindre la plage où un grand nombre d’algues noires et oranges est venue s’échouer, créant une palette de couleurs contrastée avec le bleu de la mer, le noir des rochers et le vert de l’herbe du champ au-dessus, où des moutons paissent librement. Les phoques se reposent sur les rochers noirs situés au milieu de l’eau, à une centaine de mètres de la plage. L’observation commence et la patience est de rigueur. Sans jumelles, il est difficile de distinguer les phoques, surtout les noirs qui se fondent dans les rochers. Il faut guetter le moindre mouvement, sachant qu’ils se reposent, il n’y a pas beaucoup d’activité… une queue qui bat ou une tête qui se relève seront des signes non négligeables. Grâce aux jumelles, nous avons la confirmation que nous avons pu voir un phoque blanc et deux phoques noirs allongés sur les rochers.
De retour sur la route 711, nous passons la ferme abandonnée d’Hindisvík où se situe apparemment le deuxième point d’observation des phoques, à hauteur de la pointe Nord de la péninsule… Ce site est fermé depuis 2008. La journée se poursuit sur la côte Est de la péninsule de Vatnsnes.
L’Est de la péninsule de Vatnsnes : plage et phoques
Arrêt à Hvítserkur. Bien indiqué sur le bord de route, ce piton rocheux singulier de 15 mètres de haut planté au milieu de l’eau a la forme d’un dinosaure. Un parking donne accès à un sentier descendant à la plage. Selon la légende, il s’agirait d’un troll transformé en rocher au lever du soleil, alors qu’il tentait de détruire le monastère de Þingeyrar. Sa forme atypique est due à l’érosion causée par la mer. Il est d’autant plus étrange que ce soit la seule spécificité rocheuse de la plage, généralement on trouve d’autres témoignages similaires, or, il se tient là, seul à quelques mètres du rivage…
S’ensuit une ballade le long de la plage de sable noir, avec ses talus d’herbe verte surplombés par une grande falaise. En une dizaine de minutes, on atteint le bout de la plage et le troisième point d’observation des phoques, à proximité de l’auberge de jeunesse d’Ósar. Un banc de phoques se prélasse sur le sable noir de l’autre côté de l’étroite lagune. Des jumelles sont indispensables pour les observer, à moins que certains se mettent en quête de poissons et viennent nager plus près en effectuant de petits bonds…
L’étrange forteresse de Borgarvirki
La journée se termine et il est temps de se diriger vers l’hôtel Borgarvirki. En suivant la carte routière, nous arrivons à l’extrémité de la lagune de Hóp et prenons la direction du point Borgarvirki, situé sur la route 717, à l’Ouest du lac Vesturhópsvatn. Au lieu de tomber sur un hôtel, on découvre une imposante forteresse naturelle crée dans un cratère rocheux. Borgarvirki, qui signifie « citadelle », est en effet une cheminée volcanique qui fut exploitée par l’homme à des fins probablement défensives.
Le rempart naturel, composé de colonnes basaltiques, s’élève sur 10 à 15 mètres tandis que la dépression à l’intérieur de la cheminée est profonde de 5 mètres. À l’époque de la colonisation de l’Islande (870 à 1030), les habitants du coin construisirent des bâtiments à l’intérieur, dont on voit encore les fondations de deux habitations et d’un puits, et élevèrent des murs pour compléter la structure naturellement défensive du site. On ne sait pas exactement qui, quand, ni pourquoi ce lieu fut aménagé par l’homme. Des hypothèses suggèrent qu’il s’agirait uniquement d’un enclos pour le bétail ou alors d’un site défensif pour les habitants face aux attaques fréquentes du peuple de Borgarfjörður… Il est possible de faire le tour complet du site. On bénéficie d’un panorama magnifique à 360°C d’en haut, sur la vallée de Vatnsdalur, la « vallée de l’eau », sur la baie de Húnaflói et sur le lac Vesturhópsvatn.
L’hôtel Borgarvirki se situe de l’autre côté du lac, au croisement des routes 717 et 711. Dans une ancienne école rénovée, cet hôtel est simple et vient d’être repris par de nouveaux propriétaires. On trouve encore une vieille balançoire et des jeux pour enfants dans la cour… La propriétaire est très attentionnée, bien qu’elle soit la seule à s’occuper de l’hôtel (réception, restaurant, bar etc…). Heureusement, à cette période de l’année il n’y a pas grand monde et nous sommes seulement tous les quatre, avec un autre couple, à manger au restaurant ce soir-là. La propriétaire nous proposera un menu simple mais efficace : poisson ou hamburger, soupe du jour et glace en dessert. Après la courte nuit de la veille, la fatigue se fait sentir et la soirée ne s’éternise pas…