Jour 8, Brú na Bóinne et Monasterboice
13 Septembre 2012
La vallée de la Boyne, entre Drogheda et Trim, serpente entre de vertes collines et est réputée pour ces nombreux sites mégalithiques. Dans cette vallée se niche le complexe de Brú na Bóinne, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, et qui compte environ 40 sépultures, dont seulement trois ont été exhumées et fouillées. Le paysage se ponctue donc de tumulus où se cachent d’innombrables trésors… La vallée comprend aussi des cercles de pierres, des menhirs ou des vestiges médiévaux. Pour nous ce sera donc la visite du site mégalithique de Brú na Bóinne et du site celtique de Monasterboice.
Les tombes mégalithiques de Brú na Bóinne
Le site de Brú na Bóinne ; est le seul moyen de visiter cette vallée très préservée. Il est toutefois très abouti, tant au niveau ludique, avec son grand musée dédié à la civilisation qui créa les tombeaux néolithiques, qu’au niveau archéologique, avec la présentation de l’avancée des recherches et surtout avec la visite des trois sites de tombes à couloir, Newgrange, Knowth et Dowth. Arrivés en fin d’après-midi, il ne sera malheureusement pas possible de visiter les trois sites.
Les visites sont obligatoirement guidées, avec des navettes en bus permettant l’accès aux sites. Immersion totale dans un tour operator : aller / retour en bus entre le visitor centre et Newgrange, autocollant pour indiquer le type de visite, attente des autres participants et questions incompréhensibles d’autres touristes aux accents marqués… Tout y est… Le guide au moins est très intéressant et indispensable à la compréhension du lieu.
Newgrange est considérée comme le trésor Irlandais le plus significatif, un site du patrimoine mondial dont la construction précède même de 500 ans les Grandes Pyramides d’Égypte. Sa construction a été estimée à 3200 ans avant J.C., ce qui fait d’elle un des plus vieux bâtiments au monde. Le site fut fouillé et réhabilité, pour permettre d’en visiter l’intérieur, par le Professeur M.J. O’Kelly de 1962 à 1975.
À l’arrivée sur le site, on découvre un immense tumulus fait de pierres et de terre recouvrant cette tombe, constituée d’un long couloir et d’une chambre cruciforme. La base du tumulus est consolidée par de grandes dalles de parement dont certaines sont gravées. Sa façade en pierres blanches n’est qu’une représentation de ce que l’archéologue s’est faite du lieu à l’origine, après avoir découvert les pierres de quartz enfouies à l’avant de la tombe.
Plusieurs grandes pierres sont également disposées autour de la tombe, dont certaines faisant face à une toute petite entrée. Une imposante pierre gravée de motifs curvilignes barre l’entrée. La signification des symboles gravés sur ces pierres est encore inconnue, ou du moins fait l’objet de plusieurs théories. Cette triple spirale à l’entrée pourrait autant représenter le seuil séparant le monde spirituel du monde extérieur qu’une carte représentant le site… Le positionnement, l’alignement et l’orientation des pierres ne semblent pas liés au hasard et ont probablement un rapport avec l’astronomie et l’astrologie, tout comme les symboles gravés.
Au dessus de l’entrée de la tombe se trouve une sorte d’imposte, un espace creux dans la paroi permettant de laisser passer la lumière et, comme l’expliquera le guide, d’éclairer le fond de la chambre funéraire le jour du solstice d’hiver.
Après avoir passée la petite porte, un couloir très étroit bordé de pierres gravées aux motifs rectilignes ou curvilignes, ainsi que des « gravures » modernes, mène dans une petite chambre ronde dans laquelle on peut tenir debout, avec trois alcôves, formant ainsi une croix. On sait très peu de chose sur les fonctions de cette tombe. Il est difficile pour les chercheurs d’expliquer les systèmes de croyances de la communauté néolithique ayant bâti cette tombe, d’autant plus que celle-ci a pu subir des modifications et des dégradations de la part des autres peuples au cours des siècles. Néanmoins, le soin particulier apporter au monument laisse supposer qu’il s’agissait bien plus qu’une simple maison des morts. Au moins cinq personnes ont été trouvé mélangé à la terre sur le sol, dont trois ont été incinérées. Il devait s’agir de personnes spéciales, importantes…
Ce qui rendit Newgrange si célèbre est également la découverte du Professeur M.J. O’Kelly qui découvrit le lien entre l’orientation de la tombe et le cycle du soleil, et qui transforma ainsi une tradition locale en fait scientifique attirant chaque année une multitude de curieux. L’entrée et l’imposte au dessus de la porte ont été orienté de manière à ce que le 1e rayon du soleil du solstice d’hiver pénètre par l’imposte et éclaire le fond de la tombe. Le phénomène est impressionnant car le faisceau direct du soleil pénètre pendant 17 minutes dans la tombe jusqu’à éclairer le bassin situé dans la fond de la cavité. Le guide reproduit une démonstration sur place à l’aide de jeux de lumières. Il est impossible de savoir si cette fonctionnalité est le fruit du pur hasard ou si les bâtisseurs du néolithique avaient assez de connaissances pour créer cette ouverture de manière délibérée.
Même si cette visite est passionnante, elle reste très courte (30 min à peine sur place) et certains peuvent rester sur leur faim car trop de questions restent sans réponses. Retour au visitor center pour faire un tour de l’exposition et assouvir le besoin de connaissance non comblé, mais l’heure tourne et le site ferme bientôt.
Les croix celtiques de Monasterboice
Dehors à 18h, il n’est pas question que la journée se termine comme cela. À la recherche dans le guide de quelque chose à visiter non loin de là et n’étant pas soumis aux impératifs de fermeture, le site de Monasterboice paraît correspondre parfaitement au besoin. Direction la M1 vers le nord pour visiter les ruines d’une abbaye située dans un cimetière encore utilisé aujourd’hui.
Construite en 521 par St Buithe, Monasterboice était le plus important centre culturel et religieux de l’époque. Abandonnée en 1122, il ne reste aujourd’hui que les vestiges de la tour ronde, de la chapelle en ruine, d’innombrables tombes datant du VIe siècle ainsi que les célèbres « Croix aux Écritures », grandes croix celtiques arborant de somptueuses gravures des scènes bibliques.
Le site est situé dans un écrin de verdure. Entouré d’arbres, la tranquillité des lieux n’est perturbée que par les croassements d’un nombre impressionnant de corneilles qui niche au sommet de la tour circulaire. En cette fin de journée, le ciel menaçant par de lourds nuages noirs et les corneilles croassant et virevoltant sans cesse autour de la tour donnent un aspect tout à fait fantasmagorique et mystérieux à ce cimetière.
La tour ronde de 30 mètres de haut, fait d’elle l’une des plus hautes tours ronde d’Irlande. Comprenant quatre étages, elle servait de beffroi et de refuge aux moines et aux trésors de l’Église, manuscrits et reliques religieuses. Elle fut incendiée en 1097 et le toit ne résista pas.
Parmi les croix celtiques, il ne faut pas manquer la croix de Muiredach, considérée comme un chef d’œuvre de l’art celtique. Haute de 5,5 mètres, elle tient son nom d’un abbé du même nom, pour qui la croix aurait été faite. Elle ne comprend pas moins de 70 scènes de l’Ancien Testament, et 124 personnages et animaux, sculptés sur les quatre faces de la croix. Une autre croix, plus à l’ouest du site, est la plus haute croix celtique d’Irlande, avec ses 6,5 mètres de hauteur.
Epilogue
Dernière nuit en Irlande à Drogheda, dans une petite ville portuaire située au nord de Dublin, très accessible depuis l’aéroport. Le Scholars Townhouse Hotel ; offrira un peu plus de glamour et de chic à cette dernière nuit en Irlande. Construit en 1867, il était à l’origine un monastère qui accueillait des frères chrétiens. Le bâtiment victorien fut rénové en Hôtel de charme en 2005, disposant à la fois d’un bar-restaurant classique et d’un restaurant gastronomique. Ne manquez pas de goûter aux plats du chef dans l’élégante salle de restaurant, décorée sur le plafond de fresques rappelant la bataille de la Boyne…
Une semaine en Irlande peut paraitre court, mais ce tour permet de donner un aperçu des magnifiques paysages d’Irlande, avec une préférence pour la péninsule d’Iveragh et le Burren. Un autre voyage permettra d’approfondir la visite du Sud de l’Irlande, ou alors, pourquoi ne pas se diriger vers le Nord, avec Belfast et la Chaussée des Géants ? Et puis, les vacances ne sont pas terminées, direction l’Ecosse avec un aller simple Dublin – Edimbourg.