Jour 9, les fjords de l’Est
09 Septembre 2013
Pour cette 9e journée en Islande, direction Egilsstaðir par la route n°1 pour rejoindre les fjords de l’Est, avec au programme : de petits ports de pêche typiques colorés, des montagnes escarpées se reflétant dans la mer et des cascades dévalant les vallées… Le soleil n’est pas au rendez-vous et la route entre Grímsstaðir et Egilsstaðir n’a rien d’exceptionnelle. Elle sillonne au fond de vallées entourées de hautes montagnes râbles et vertes où dévalent sur les pentes, entre les rochers, de petits cours d’eau.
En 1h30, on rejoint Egilsstaðir, petite ville industrielle et commerciale au carrefour de la région. La ville ne présente guère d’intérêt, excepté pour le ravitaillement et l’hébergement. Cette journée est consacrée aux fjords de l’Est et à une petite excursion à l’intérieur des terres pour découvrir deux chutes d’eau. Les plus beaux fjords de la région sont situés sur la partie Nord. Malheureusement ces fjords, encaissés entre les montagnes, sont accessibles par des routes plus ou moins difficiles et surtout en cul-de-sac, ce qui allonge considérablement les temps de parcours. Devant atteindre Höfn pour y passer la nuit, des choix s’imposent et nous décidons de voir le fjord Seyðisfjörður, situé à 20 minutes d’Egilsstaðir. En effet, le changement d’étape de la veille (retour à Grímsstaðir au lieu de dormir à Alðalból) rend le parcours de la journée un peu plus long que prévu…
Escale à Seyðisfjörður
La route s’élève en lacets au-dessus d’Egilsstaðir derrière laquelle on aperçoit le lac Lagarfljót. Après avoir passé un col, la route redescend dans le fjord, long de 17 km. Escarpé et très vert, il est de toute beauté, encadré de hautes montagnes. La rivière Fjarðará dévale le fjord, en créant plusieurs petites cascades sur son parcours, dont Gufufoss. Tout en bas, les maisons colorées formant le village de Seyðisfjörður se détachent sur le bord de mer.
Une ambiance bohème règne dans ce petit village de pêcheurs où artistes et musiciens ont élus domicile. Seyðisfjörður est très charmant, avec ses maisons colorées du 19e siècle faites en bois importé de Norvège, son église entièrement bleue tout droit sortie d’un livre pour enfant, le tout regroupés autour du lac Lón. Plusieurs bâtiments ont été transformés en ateliers d’art ou boutiques. En revanche, ce jour-là, à 11h, les rues ne sont pas animées. Outre son petit musée sur l’histoire locale et ses randonnées, Seyðisfjörður est aussi réputée pour son festival LungA Art Festival, proposant chaque année en juin des concerts et diverses expositions d’artistes.
Après un tour dans le village, direction le flanc Nord du fjord, afin de prendre de la hauteur. La route menant à l’auberge de jeunesse conduit également à une piste 4×4, départ d’une randonnée dans la vallée glaciaire de Vestdalur. Si le temps vous manque, contentez-vous de la première portion du chemin qui permet d’avoir une jolie vue plongeante sur le fjord et d’atteindre rapidement une petite cascade. Sur le plateau en haut de la piste, il est également possible de faire de jolies rencontres. En effet, si les moutons sont craintifs et fuient devant les visiteurs, les chevaux, laissés en liberté, sont quant à eux très calmes et acceptent volontiers les caresses.
Le Lagarfljót et sa forêt
La journée étant chargée, il est temps de repartir, direction l’intérieur des terres pour une randonnée menant aux deux chutes d’eau Lítlanesfoss et Hengifoss. De retour à Egilsstaðir, on emprunte la route n°1 puis la route 931 longeant le lac Lagarfljót, aux couleurs changeantes du gris au bleu. Une croyance populaire datant de 1345 prétend qu’un serpent des mers géant vivrait au fond de ce lac…
Cette région, située entre le désert des Hautes Terres et les fjords montagneux de l’Est est une zone fertile traversée par plusieurs fleuves provenant du glacier Vatnajökull. On y trouve donc plusieurs fermes mais également la plus vaste forêt d’Islande, s’étendant sur plus de 18 km le long de la rive Sud-Est du lac Lagarfljót. Bien que cela soit un trésor pour les Islandais, quand on sait qu’il s’agit d’une ressource très rare sur l’île, la forêt de Hallormsstaður n’est pas vraiment impressionnante car les arbres sont plutôt bas… Elle n’en compte pas moins 12 millions d’arbres et 54 espèces différentes. Plusieurs randonnées assez courtes et adaptées à toute la famille sillonnent la forêt.
Les chutes d’eau Lítlanesfoss et Hengifoss
De l’autre côté du pont traversant le Sud du lac, un petit parking marque le début de la randonnée vers Lítlanesfoss et Hengifoss. Il y a du monde ce jour-là, le site attire apparemment beaucoup de touristes… Le chemin, assez raide, s’élève au-dessus du lac, sur la rive gauche du cours d’eau Hengifossá. Aucune végétation ne pousse sur les pentes de cette montagne et le passage incessant des randonneurs creuse de multiples petits chemins disgracieux. Seule la magnifique vue sur le lac Lagarfljót dont on bénéficie en se retournant casse la monotonie de l’ascension…
Après une ½ heure de marche, on atteint Lítlanesfoss, une cascade étroite, coincée entre des colonnes de basalte impressionnantes, qui se jette dans les gorges. La lave semble avoir rempli le ruisseau, puis, au cours d’un lent refroidissement la lave a refroidi, contractant ainsi la roche qui créa ces colonnes de basalte.
La randonnée se poursuit pendant environ 45 minutes avant d’atteindre la rive des gorges dans un semblant de plat. Au loin, on aperçoit Hengifoss, au fond d’un canyon étroit, tombant à plus de 120 mètres de haut, entourée d’orgues basaltiques. On peut observer les différentes strates de roche sur la paroi, se déclinant en plusieurs couches noires et rouges. Il est possible d’aller au pied de la cascade en se frayant un chemin entre les rochers et en traversant le cours d’eau, pour y découvrir une jolie petite étendue d’eau d’un bleu turquoise.
Les fjords Fáskrúðsfjörður et Stöðvarfjörður
De retour au parking, il est temps de prendre la route vers le Sud… On rejoint les fjords de l’Est en repassant par Egilsstaðir puis en empruntant les routes 92 et 96 menant à Fáskrúðsfjörður. Ce fjord profond abrite le village de Fáskrúðsfjörður, connut pour avoir abrité une communauté de pêcheurs français entre la fin du 19e siècle et 1914. Situé sur le flanc Nord du fjord, nous ne passerons toutefois pas par ce village. La quasi totalité des fjords de l’Est abrite un petit port de pêche, portant généralement le même nom que le fjord et vivant de la riche zone de poissons du secteur.
À l’extrémité du fjord, on découvre le charmant phare playmobil jaune et rouge Hafnarnes, dominant la mer et la côte escarpée et rocheuse. Au loin, on aperçoit subrepticement les îles de Skrúður et d’Andey, se cachant derrière des nuages bas touchant l’horizon, ce qui leur donnent un aspect mystérieux…
La route 96 continue vers le Sud par le fjord Stöðvarfjörður et son petit village de pêche éponyme. Ce fjord peu profond est encadré de hauts reliefs déchiquetés. Les férus de géologie seront intéressés par le musée Steinasafn Petru où est présentée une riche collection de roches et minéraux de la région.
S’ensuit une large baie où débouche la route n°1 après avoir longée la vallée de Breiðdalur. Celle-ci fut victime du « raid Turc » par des pirates algériens, comme d’autres fjords de l’Est, en 1627. Une grande plage de sable et d’herbes folles couvre cette baie très prisée des randonneurs qui déambulent entre les multiples bras de la rivière Breiðdalsá avant de grimper sur les flancs des montagnes rhyolitiques.
En cette fin de journée, le soleil est bas et plein Ouest ; nous abordons chaque nouveau fjord à contre-jour, ce qui est dommage car ils ne manquent pas de charme et chacun à sa petite particularité. Malheureusement, les endroits pour s’arrêter au bord de la route sont rares et pas toujours bien placés pour de belles photos. La découverte des fjords de l’Est aurait nécessité une journée supplémentaire afin de pouvoir parcourir à pieds certains fjords et avoir de jolis points de vue…
Le fjord Berufjörður
Le fjord le plus charmant de la journée est sans conteste Berufjörður, un long et profond fjord, tortueux, où après chaque virage le paysage qui suit surprend toujours un peu plus. Quelques fermes s’accrochent désespérément à la côte où criques et plages de galets noirs se succèdent tandis qu’en arrière plan, les pentes abruptes des montagnes affleurent la route.
De l’autre côté du fjord, en direction de Djúpivogur, on aperçoit alors un petit phare jaune et rouge à l’extrémité d’une pointe rocheuse. Y accéder ne sera pas vraiment aisé. On emprunte au hasard une route en direction de ce phare et débouchant sur les quais d’une zone technique. En longeant la côte, on atteint alors ce magnifique phare coloré, Aedarsteinstangi, baigné par une chaude lumière de soleil couchant. Derrière, la crête ciselée des montagnes se dessine et l’ombre du mont conique Búlandstindur, culminant à 1068m d’altitude , s’allonge et se reflète dans l’eau calme du fjord…
Il se fait tard et il est temps de partir, nous sommes encore loin d’Höfn et nous ne pourrons pas visiter la petite ville de Djúpivogur et la belle péninsule de Búlandsnes. Sur le trajet du retour, nous croisons toutefois une étrange propriété à l’entrée de Djúpivogur : autour de cette maison de tôles rouges, divers squelettes d’animaux marins et terrestres sont mis en scène dans le jardin… La journée se termine par un long trajet sans arrêt d’environ 1h entre Djúpivogur et Höfn, où le soleil couchant donne de merveilleuses couleurs rosées et orangées aux nuages.
Arrivée tardive à Höfn. Le camping de la ville s’avère être l’hébergement le moins coûteux du voyage : 19€ par personne pour un petit chalet en bois comprenant deux petites pièces (chambre avec lits superposés et séjour / cuisine). Les sanitaires se trouvent dans un bloc commun et la « cuisine » est sommaire (bouilloire et plaque de cuisson), mais pour une nuit, cela est bien suffisant. Les ventres affamés après une longue journée de voiture et sans avoir mangé à midi, il nous tarde de trouver un restaurant. On ne tournera pas longtemps et on optera pour le Kaffi Hornið, une bonne adresse malgré un service un peu froid. Le menu s’oriente principalement autour des poissons et langoustines, le service est rapide, les assiettes sont copieuses et les desserts succulents…
Bonjour,
J’envisage de faire la même route en une seule journée, sauf Hengifoss que nous aurons fait la belle. Est ce faisable? Combien de tps a duré votre journée? Nous souhaitons dormir à Vallanes pour arriver à Hofn en fin de journée.
Merci,
Oui, vous aurez largement le temps pour cette journée. La notre était plutôt longue, nous sommes partis de Grímsstaðir (à 30 min à l’est de Myvatn) vers 9h et nous sommes arrivés à Hofn vers 20h30… Si vous aimez randonner, je vous conseille la randonnée de Vestdalur à Seyðisfjörður ou la vallée de Stafafell, à quelques kilomètres à l’Est de Hofn (nous n’avions pas eu le temps de les faire). Vous aurez également plus le temps de vous attarder dans les fjords, notamment ceux en cul-de-sac, comme le Mjóifjörður ou le Neskaupstaður.