Les tombes à couloir de Brú na Bóinne

Source : voicesfromthedawn.com

Brú na Bóinne, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, constitue l’exemple le plus important d’un ensemble préhistorique d’Europe car il concentre une importante quantité de monuments aux fonctions variées. Les tombes à couloir construites sous d’énormes tumuli matérialisent l’ensemble des idées, des croyances et des modes de vie des époques préhistorique et néolithique. Des vestiges de maisons et d’enclos délimités par des palissades traduisent d’une occupation sédentaire et agraire dans la vallée de la Boyne, mais les vestiges funéraires sont les plus impressionnants et les plus nombreux. Le rayonnement culturel de Brú na Bóinne a suscité au cours des siècles la construction d’autres monuments, pendant la protohistoire et pendant l’ère chrétienne.

La visite du site de Brú na Bóinne ne peut pas laisser indifférent. Sans entrer dans le mysticisme, une atmosphère étrange s’y dégage et ces monuments imposants et les gravures sur les mégalithes laissées par ces constructeurs de tombes sont époustouflantes. De nombreuses choses sont encore à découvrir. Sur les quarante sépultures recensées sur le site seulement trois, Newgrange, Knowth et Dowth, ont été exhumées et fouillées. Les tombes ont subi des dégradations naturelles aux cours du temps mais également des pillages ou des utilisations détournées qui ne facilitent pas les recherches archéologiques et anthropologiques.

Pourquoi autant de mystère entoure ces monuments ? Et comment décrypter ces vestiges laissés par des communautés du Néolithique ?


Des vestiges parmi les plus anciens d’Europe …

Les tombes mégalithiques sont les structures les plus anciennes connues en Europe. On distingue quatre types de tombes mégalithiques : les tombes à couloir (passage-tombs), les dolmens (portal-tombs), les court cairns (chambre funéraire entourée de pierres droites) et les wedge-tombs (chambre funéraire se rétrécissant à une extrémité). Le point commun entre ces tombes est, comme son nom l’indique, l’utilisation de grandes pierres pour soutenir la structure.

Les premières tombes mégalithiques, remontant à environ 7400 avant J.C, étaient considérées comme des lieux sacrés. Modestes, ces tombeaux s’inséraient dans le paysage. Plus tard, les structures devinrent plus complexes, avec des chambres funéraires cruciformes recouvertes d’un cairn ou d’un tumulus (mélange de pierre et de terre), situées en hauteur pour plus de visibilité et pour dominer les plaines, reflétant ainsi le prestige alloué aux personnes décédées.

Tombe de Dowth, vue du ciel – Source : worldheritageireland.ie

La construction du site de Dowth est a été estimée à environ 3000 ans avant J.C. Sous une énorme butte de 15 m de haut et de 85,3 m de diamètre se trouvent deux tombes à couloirs connues : Dowth Nord, avec son long couloir et sa chambre cruciforme et Dowth Sud, l’autre tombe à couloir avec une chambre ronde simple. Il est possible que d’autres chambres funéraires soient encore cachées sous la butte.

Le site de Knowth fut construit entre 4000 et 3000 avant J.C. Il est formé d’un tertre principal, composé de deux longs couloirs conduisant chacun à une chambre funéraire, une cruciforme et l’autre rectangulaire, ainsi que de 18 tombes satellites disposées de manière irrégulière autour de la tombe.

Enfin, l’excavation du site de Newgrange menée par le professeur O’Kelly, qui débuta en 1962 et dura 13 ans, permit d’estimer sa construction vers 3200 avant notre ère, à l’époque néolithique. À l’origine, la tombe se composait du long passage, de la chambre cruciforme, avec son haut plafond et s’ouvrant sur trois petites cavités, détenant chacune un grand bassin en pierre.

Schéma de Dowth – Source : voicesfromthedawn.com

Une 3e phase dans l’évolution des tombes mégalithiques à couloir est caractérisée par de grands tumuli, la plupart du temps construits bien après la chambre funéraire. Ces structures complexes requéraient énormément de main d’œuvre. Des annexes au tombeau sont également ajoutées, et les passages se font plus longs…

Prés de la tombe Nord de Dowth, un souterrain a été crée pendant l’âge de fer par une communauté vivant à proximité et relie l’entrée de la tombe à l’extrémité Ouest de la butte.

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Site de Newgrange – Source : shadowsandstone.com

Le grand cercle de pierre entourant partiellement la tombe de Newgrange et retenant le tumulus a été construit 1000 ans après la tombe et a pu être un cercle complet. Une autre tombe, également plus récente, fut découverte juste à côté de Newgrange : Woodhenge.

Sur le site de Knowth, le tertre principal a sans doute été construit après les petites tombes satellites, puisqu’il semblerait que les contours du tertre évitent certaines tombes satellites. De plus, de nombreuses preuves démontrent que l’activité de la tombe s’est prolongée au-delà du néolithique et de l’âge de bronze : un cercle de poteaux de bois fut construit près de l’entrée du couloir Est et témoigne que des rituels ou des cérémonies sacrées se déroulaient en ce lieu.

Site de Knowth – Source : shadowsandstone.com

Qui étaient les bâtisseurs des tombes à couloir ?

Il est difficile pour les archéologues de reconstituer les faits tant de peuples sont passés par ces monuments. À Newgrange, 1000 objets en silex et 274 objets de poterie ont été retrouvé mais aucun ne peut être attribué aux premiers bâtisseurs… Les dégradations et les éventuelles modifications des sites peuvent brouiller les pistes et effacer certaines traces de ces premiers bâtisseurs.

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Macehead retrouvée à Knowth – Source : megalithicireland.com

La construction des tombes de Brú na Bóinne s’étale sur plusieurs siècles. Ainsi, le peuple néolithique ayant occupé les terres riches et fertiles de la vallée de la Boyne était un peuple agraire vivant dans une communauté suffisamment stable et soudée pour créer des structures destinées à durer plus de 5000 ans. Selon le professeur George Eogan, qui a mené les excavations du site de Knowth, la communauté ayant construit ces tombes devait être extrêmement bien organisée, autrement il aurait été impossible de construire des monuments aussi grands.

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Illustration de la construction de Dowth – Source : worldheritageireland.ie

Le professeur O’Kelly estima que la communauté ayant construit Newgrange rassemblait environ 400 personnes âgées de 16 ans. Elle possédait également un savoir-faire important en matière de construction. La pierre la plus lourde enlevée lors de l’excavation du site de Newgrange, à l’aide d’une grue, pesait plus de 10 tonnes, mais c’est dans les chambres funéraires de Dowth qu’ont été trouvé les plus grosses pierres. Comment  les bâtisseurs de tombes à couloir pouvaient-ils déplacer ces pierres à l’époque sans outils modernes ?

Après avoir mené une expérience avec certain de ces hommes pour manipuler des pierres d’une tonne en utilisant seulement des troncs sur une rampe, le professeur O’Kelly conclut qu’avec une bonne longueur de corde, trois hommes étaient capables de se déplacer sur 15 mètres et 4 mètres de dénivelé pendant 12 heures de travail… un vrai travail de titan.

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Entrée de Newgrange – Source : voicesfromthedawn.com

Le soin particulier apporté aux monuments de Brú na Bóinne laisse supposer qu’il s’agissait bien plus qu’une simple maison des morts. Dans la tombe de Newgrange, au moins cinq personnes ont été trouvé mélangé à la terre sur le sol, dont trois ont été incinérées. Compte tenu de la taille de la communauté, il devait s’agir de personnes spéciales, importantes, puisqu’ils n’ont pas tous été enterré dans la tombe ou à proximité. D’autres preuves laissent supposer que ces monuments étaient d’importants lieux sacrés, des portes vers l’autre monde : les symboles gravés dans les pierres, le positionnement des tombes et leur orientation par rapport au soleil etc.

Intérieur de la tombe de Dowth – Source : worldheritageireland.ie

Malgré les scénarios imaginés par les scientifiques, il est difficile d’expliquer le système de croyance des peuples antiques, d’autant plus que chacun, à sa propre époque, a pu s’approprier le lieu pour ces propres rites religieux.

Plusieurs théories circulent sur le fait que les bâtisseurs des tombes à couloir étaient des nécromanciens pratiquant des sacrifices humain. Il est en effet très difficile de connaître exactement quelles étaient les pratiques de l’époque.

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Les cavités droite et face de Newgrange –  Source : voicesfromthedawn.com

Edward Lhwyd, le premier scientifique à se pencher sur le cas de Newgrange après sa découverte en 1699, mit involontairement en marche l’imagination de nombre d’antiquaires et autres qui utilisèrent la tombe pour leur propre profit, sous couvert du sacrifice humain. Lhwyd avait fait remarquer, de manière tout à fait anodine, que le bassin situé dans la cavité droite de Newgrange avait contenu du liquide, soit l’eau était sacrée, soit il s’agissait de sang provenant de sacrifice. Il évoqua ensuite une légende qui courait dans la région au sujet des Anciens Irlandais qui pratiquaient des sacrifices à l’époque du paganisme. Entre nécromancie et simple rituel funéraire, voir magique, quelle est la part de vérité ?


Des lieux jadis sacrés soumis à la dégradation du temps et des Hommes

Tout au long de la période néolithique, les tombes à couloir étaient des lieux sacrés respectés par tous. Les fouilles et les découvertes réalisées sur les sites permirent de démontrer que cette vénération continua bien après que les bâtisseurs des tombes aient disparu.

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Pièces romaines – Source : voicesfromthedawn.com

Au début de l’Âge de Bronze, soit 1000 ans après la construction de Newgrange, des agriculteurs s’installèrent dans la vallée et construisirent, à côté de la tombe, Woodhenge, un grand enclos circulaire où étaient incinérés et enterrés des animaux. Cette date coïncide également avec la construction du grand tumuli recouvrant Newgrange. Ce qui démontre que les générations suivantes considéraient ce lieu comme un endroit sacré. Plus tard, les Vikings, lors de l’invasion du 9e siècle, ne pénétrèrent pas dans le tombeau et laissèrent des pièces d’or romaines en hommage.

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Illustration de Woodhenge prés de Newgrange – Source : voicesfromthedawn.com

À Knowth, il semblerait que plusieurs populations différentes se soient succédées aux cours des siècles. Mais, les datations sont difficiles à réaliser et seules des « interprétations provisoires » permettent d’expliquer l’évolution du site. Un cercle de poteaux de bois retrouvé, qui témoigne que des rituels ou des cérémonies sacrées se déroulaient en ce lieu, permet d’estimer que l’activité du site s’est prolongée au-delà du néolithique et de l’âge de bronze.

Après une période de deux siècles d’abandon, où le tertre s’éboula et recouvra les deux entrées de la tombe, le site de Knowth retrouva son activité : des tombes celtiques furent découvertes et au début de l’ère chrétienne, le tertre devint une colline fortifiée et, pour la première fois, fut habité.

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Tumulus de Dowth – Source : voicesfromthedawn.com

Ainsi, les tombes mégalithiques finirent par tomber dans l’oubli ou subir des dégradations, victimes de l’usure du temps et de la sauvagerie des Hommes. Les tombes de Brú na Bóinne furent pillées au 9e siècle par les Normands qui savaient que se cachaient des « caves » sous ces buttes et qui espéraient y trouver des trésors.

Knowth fut utilisée comme « motte castrale » par les Normands, puis par les moines de l’abbaye de Mellifont qui l’utilisèrent comme grange ou ferme.

Dowth subit au 19e siècle une tentative malavisée de « fouille scientifique » menée par la Royal Irish Academy. Cette équipe mal financée commença à fouiller la partie centrale de la butte en espérant trouver, comme à Newgrange, la chambre funéraire en son centre. Une énorme quantité de pierres et de terre fut enlevée à coups d’explosifs et de pioches, mais aucune chambre funéraire ne fut trouvée. Rien ne fut remis en place et le propriétaire terrien décida même d’utiliser les matériaux pour son entreprise de BTP.

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Source : voicesfromthedawn.com

Quant à Newgrange, la tombe fut découverte en 1699, sur les terres agricoles de Charles Campbell, un colon écossais. Celui-ci trouva sur ses terres un étrange monticule sur une colline au-dessus du coude de la Boyne. Il demanda à ses ouvriers d’utiliser les pierres qui formaient le monticule, comme s’il s’agissait d’une carrière, jusqu’au jour où ils découvrirent l’entrée d’une « cave » derrière une large pierre plate. C’est par cet acte de vandalisme que fut découverte la tombe mégalithique de Newgrange. Les sources écrites permirent aux chercheurs de s’apercevoir que la tombe avait fait l’objet de nombreux pillages depuis 1699, notamment des pierres qui auraient disparues.

Même si la plupart de ces dégradations cessèrent lorsque tous les monuments de Brú na Bóinne furent sous la protection de l’état en 1882, c’est quelque fois la nature qui envahi les lieux et détruit les structures. En 1962, le professeur O’Kelly trouva le monticule de Newgrange recouvert de broussailles et les racines des arbres commençaient à nuire à l’intégrité des pierres recouvrant la tombe.

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Graffitis – Source : shadowsandstone.com

Les pierres mégalithiques font également l’objet de dégradations, on y trouve des graffitis « modernes » réalisés par les visiteurs mais également des graffitis chrétiens à écriture oghamique, comme à Knowth.


L’art rupestre et l’astronomie

Ces tombes ont été construites pour impressionner les gens qui les voyaient. Différents motifs sont gravés dans les pierres, il s’agit la plupart du temps de symboles simples rectilignes ou curvilignes tels que des zigs-zags, des méandres, des cercles et des spirales, que l’on trouve à la fois sur les surfaces visibles mais également sur les surfaces cachées. Aucun chercheur n’a encore su interpréter la signification de ces motifs.

Pierre de bordure à Knowth – Source : shadowsandstone.com

De nombreuses tentatives ont été faites pour interpréter l’art rupestre. Cela peut aller de la simple décoration, comme le suppose George Coffey en 1892, à des fins plus spirituelle, rituelle ou symbolique, comme le défend le professeur O’Kelly, à la divination via l’astrologie et l’astronomie et même être le résultat d’un état altéré de la conscience, dû notamment aux rites chamaniques menant à un état second, avec effets hallucinogènes etc.. 

Les gravures peuvent faire références au cycle de la vie, à la mort, aux saisons, et à l’autre monde (après le mort) qui était probablement vu comme l’espace. De nombreuses gravures ressemblent en effet à des cartes des étoiles. De même, leurs positionnements, leurs alignements et leurs orientations ne sont quelque fois pas liées au hasard et l’on peut se demander leurs liens existant avec l’astronomie et l’astrologie.

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Dowth – Source : shadowsandstone.com

La pierre la plus célèbre de Newgrange est la triple spirale qui orne la dalle droite de la cavité de la chambre intérieure. Celle-ci est éclairée une fois par an par le soleil du solstice d’hiver et pourrait symboliser une connexion entre les différents mondes, un vortex permis par la lumière du soleil. De même, la triple spirale gravée sur la mégalithe à l’entrée de Newgrange représenterait selon le Dr Jones, le seuil séparant le monde réel du monde spirituel, à l’intérieur de la tombe, la ligne droite qui se déroule indiquant l’entrée de l’autre monde. 

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La triple spirale de Newgrange – Source : voicesfromthedawn.com

Sur les 115 pierres constituant la bordure de la tombe de Dowth, 15 comportent des gravures d’art rupestre. La plus connue est la pierre des sept soleils (Stone of the Seven Suns). Les gravures situées à l’intérieur de la tombe ont toutefois mieux résisté au temps que celles soumises aux intempéries à l’extérieur. 

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Pierre des sept soleils de Dowth – Source : worldheritageireland.ie

Le site de Knowth est toutefois le plus représentatif puisqu’il détient le plus grand nombre de pierres gravées caractéristiques de l’art rupestre. 261 pierres ont été recensées, soit 45% des pierres mégalithiques gravées d’Irlande. La spécificité de Knowth se retrouve également dans les motifs gravés, qui représentent plus que des simples symboles lunaires et solaires. Le professeur Brennan mit en évidence les systèmes de calculs lunaires et solaires qui se cachaient sous ces motifs.

Sur le calendrier lunaire de Knowth, l’ensemble des symboles renvoient à un cycle : Brennan a interprété les symboles externes comme le cycle journalier de la lune dans un mois, tandis que les autres symboles carrés représentent le cycle mensuel de la lune en relation avec l’année solaire sur une période de 5 ans. Les symboles sur le coin droit fonctionnent avec le cycle interne et permettent de comptabiliser 19 années solaires, après quoi le cycle de la lune se répète.

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Pierre lunaire de Knowth – Source : mythicalireland.com

Le cadran solaire de Knowth divise chaque trimestres d’une année de 365 jours en huit parties égales, avec à ces extrémités par rapport à l’axe, les solstices d’hiver et d’été et, sur l’axe central l’équinoxe. D’autres pierres à knowth permettaient de calculer des cycles solaires ou lunaires, basées sur d’autres méthodes de calculs et d’autres symboles,

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Cadran solaire de Knowth – Source : shadowsandstone.com

Ces exemples montrent que les peuples du Néolithique étaient de fins astronomes, dont le savoir était basé sur de longues périodes d’observations, qui souhaitaient transmettre leur connaissance aux générations futures en laissant une trace des outils qui leur permettaient de connaître les cycles lunaire et solaire.


L’orientation des tombes à couloir par rapport au soleil

Le lien entre les tombes à couloirs et l’astronomie est donc admis, que ce soit par la symbolique des gravures, comme expliqué précédemment, que par le positionnement et l’orientation des tombes. C’est en cherchant la signification des motifs sur les pierres de Newgrange et de leur position autour de la tombe que le professeur O’Kelly découvrit le lien entre l’orientation du passage et le cycle du soleil. Il trouva une structure en forme de boite, au-dessus de la porte de la tombe, creuse à l’intérieure et fermée aux deux extrémités par deux pierres sculptées. L’usure sur les bords de ces pierres signifiait qu’elles avaient été manipulées plusieurs fois.

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Imposte de Newgrange – Source : shadowsandstone.com

Le professeur O’Kelly fit alors le lien avec une tradition locale qui racontait comment le lever du soleil éclairait l’intérieur de la tombe. Il mena sa première expérience le 21 décembre 1967, pour le lever du soleil du solstice d’hiver. Il avait estimé qu’il s’agissait du meilleur jour pour réaliser cette expérience, du fait de l’orientation sud-est du couloir de Newgrange : le 1e faisceau de lumière directe s’introduisit par l’imposte et le long du passage pour atteindre le sol de la tombe, le faisceau s’étendit petit à petit jusqu’à atteindre le bord du bassin, au fond de la cavité, et il s’élargit jusqu’à 17 cm, pour ensuite rétrécir progressivement. Au final, la tombe de Newgrange fut éclairée pendant 17 minutes au lever du soleil le plus court de l’année.

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Source : worldheritageireland.ie

Il est impossible de savoir si cette fonctionnalité est le produit du hasard ou si les bâtisseurs de Newgrange avaient assez de connaissance pour réaliser un tel mécanisme. Toujours est-il que pour le peuple Néolithique de la vallée de la Boyne, le solstice d’hiver devait marquer un événement particulier : le début d’une nouvelle année, la renaissance de la nature, de la vie humaine et animale, il pouvait également s’agir du symbole de la victoire de la vie sur la mort, ou peut être la promesse d’une nouvelle vie dans l’au delà pour les esprits morts dans l’année.

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Source : newgrange.com

Ce phénomène à Newgrange a pris une ampleur nationale ; une loterie est organisée chaque année pour permettre à quelques privilégiés d’assister au lever du soleil de l’intérieur de Newgrange, des personnalités politiques sont présentes, et une vidéo est retransmise en direct et en streaming sur internet…

Le phénomène du solstice d’hiver à Newgrange

Mais, Newgrange n’est pas la seule a posséder un lien particulier avec le cycle du soleil. À chaque solstice d’hiver la tombe Sud de Dowth est également illuminée par le coucher du soleil. L’entrée sud de la tombe est en effet orientée de manière à ce que les derniers rayons du soleil du solstice d’hiver pénètrent dans le passage et dans la chambre funéraire, se réfléchissent contre le mur du fond et illuminent certaines gravures.

Entree de la tombe Dowth sud
Source : shadowsandstone.com

Le jour du solstice d’hiver indique la nuit la plus longue de l’année et la période des plus grandes ténèbres. Or, Dowth ou Dubhadh en gaélique, signifie ténèbres. Ce phénomène n’est donc pas sans lien avec la légende qui donna son nom à la tombe. Le tumulus de Dowth aurait été construit par un roi Irlandais, Bressal Bodibad, qui souhaité érigé un monument touchant le ciel pour tenter de mettre fin à la peste. Il réussit à rassembler tous les hommes d’Irlande pour construire son monticule mais seulement pour une journée. La sœur du roi, qui était sorcière, proposa de faire arrêter le soleil dans sa course pour que les travailleurs aient un jour sans fin pour achever la construction. Mais, Bressal eut une relation incestueuse avec sa sœur ce jour là, ce qui rompit le charme du sort qu’elle avait jeté. Le jour devint nuit et les travailleurs rentrèrent chez eux. La tour ne fut jamais achevée et l’endroit fut appelé Dubhadh.

Dowth de nuit
Source : shadowsandstone.com
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3 Commentaires

  1. Excellent reportage. Je suis en train de traduire un documentaire sur la question et votre reportage m’aide énormément. Merci beaucoup, Emmanuelle

    1. Merci Emmanuelle ! Etant juste une passionnée, je suis ravie que mon article vous soit utile. N’hésitez pas à regarder les sources sur lesquelles je me suis basée pour tout complément.

  2. Très intéressant et très clair; merci car mes notes prises d’après les panneaux posés sur les différents sites étaient incomplètes ; d’autre part, je n’ai pu visiter que le site de Newgrange.
    Merci de donner les sources ; mais n’étant pas spécialiste, votre résumé est pour le moment assez complet pour moi.
    Simone

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