Jour 2, Bristol

Jeudi 9 Mai 2013

Tickets du SS Great Britain

Situé sur Spike Island, le Brunel’s SS Great Britain est une attraction phare de la ville. Ce vaste musée présente l’histoire de ce navire, premier bateau à vapeur métallique ayant transporté des voyageurs à travers l’Atlantique, et les différentes transformations qu’il a connu à travers le temps. À la fois musée et attraction, il conduit les visiteurs, petits et grands, dans les secrets du SS Great Britain. Les ponts inférieurs, avec les cabines et les lieux de vie des passagers, reprennent vie à l’époque victorienne grâce aux reconstitutions et aux mises en scènes à l’aide de statues de cire. De la découverte du navire, extérieur et intérieur, au musée, le tour complet dure environ 2 heures.


La nouvelle vie du Brunel’s SS Great Britain

La visite commence par un tour autour de la coque du bateau, sous l’impressionnante « mer de verre ». Mis au sec dans une cale du port par un système d’écluse, il est possible de faire le tour du navire pour contempler l’énorme hélice, le gouvernail et l’ancre et comprendre dans quelle circonstance il a été retrouvé. En 1970, Erwan Corlett, un architecte naval, retrouva la trace du navire dans les îles Malouines, un archipel de l’Atlantique Sud, où celui-ci était abandonné dans de la boue et rongé par la rouille. Il entreprit alors une opération de renflouage et de sauvetage du bateau. Il parvint à lui faire traverser l’Atlantique sur un énorme ponton flottant tiré par des remorqueurs et le ramena dans le port de Bristol. Les dommages sont nombreux et d’énormes trous sont visibles dans la coque. Toujours vulnérable à la corrosion, la cale sèche a due être scellé par une énorme plaque de verre installée au niveau de la ligne de flottaison. Pour donner l’illusion d’être toujours à flot, de l’eau a été déversé sur la plaque de verre. En dessous et à l’intérieur de la coque, des déshumidificateurs géants permettent de maintenir une humidité relative de 20%.


Le musée du Brunel’s SS Great Britain

La visite se poursuit par la partie musée où l’histoire du bateau est expliquée en remontant le temps. On y découvre de nombreux éléments du bateau ayant contribué à ses différentes transformations. Pour le côté ludique, le ticket d’entrée représente le ticket d’un passager de l’époque ayant entreprit le voyage Liverpool – Merlbourne et sur le côté, un encart permet de tamponner les différentes étapes de la visite, correspondant aux quatre évolutions / du bateau. Tout au long de la visite des panneaux interactifs retracent les faits importants de l’histoire du SS Great Britain, sous formes de quiz.

Isambard Kingdom Brunel, le génie de l’ingénierie du 19e siècle

Lancé en 1843 par Isambard Kingdom Brunel pour le service transatlantique de la Great Western Steamship Company entre Bristol et New York, le SS Great Britain était le plus grand navire de passagers à l’époque et le premier bateau en fer à vapeur, doté d’une hélice, à traverser l’Atlantique. Il s’agissait d’une prouesse technologique pour l’époque.

Isambard Kingdom Brunel était considéré comme un des plus grands ingénieurs de son époque. Sa première grande réalisation fut le Clifton Suspension Bridge. Conçu en 1829 et malgré deux versions du projet, les fonds manquaient et le pont ne fut terminé qu’en 1864, après la mort de Brunel. Son statut d’ingénieur international vit le jour lorsqu’il fut nommé ingénieur en chef à la Great Western Railway, la compagnie de chemins de fer chargée de relier Londres à Bristol. De nombreux ouvrages d’art sur la ligne sont issus des travaux de Brunel et la spécificité de cette ligne vient de l’écartement des voies que choisit Brunel : 2,2 mètres au lieu des 1,55 mètres d’écartement standard.

Isambard Kingdom Brunel
Source : makethman.com

En 1837, Brunel fit construire le navire à vapeur The Great Western, spécialement dédié aux voyages transatlantique pour le compte de la Great Steamship Company nouvellement crée. Ce bateau était le plus rapide et le plus grand de son époque, réalisant plus de 70 traversées avant d’être revendu.

Mais, Brunel n’en resta pas là et construisit un navire encore plus grand et plus ambitieux : le SS Great Britain, premier navire métallique du monde à vapeur et à hélice. Conçu également pour le transport de passagers de luxe, il pouvait accueillir 252 passagers de première et deuxième classes et 130 membres d’équipages. En 1853, Brunel se tourna vers un nouveaux projet, le navire Great Eastern. Malheureusement, il décéda en 1853 lors de l’explosion du Great Eastern alors qu’il réalisait des essais en mer.

Les multiples transformations du Brunel’s SS Great Britain

En 1852, le navire est revendu à Gibbs, Bright & Co qui souhaite l’utiliser pour le transport d’émigrants vers l’Australie. Ils remplacèrent plusieurs pièces moteur du bateau mais les transformations les plus significatives furent l’utilisation de la voile au lieu du moteur pour la navigation (cela permettait d’économiser de l’argent, le moteur était toujours opérationnel en cas de besoin) et l’ajout d’un pont supplémentaire permettant le transport de 700 passagers au total, répartis dans trois classes.

Entre 1882 et 1886, le Brunel’s SS Great Britain fut une nouvelle fois transformé et utilisé pour le transport de marchandises comme le charbon et le blé, entre l’Angletterre et la côte ouest de l’Amérique. Lors de ses multiples traversées, le SS Great Britain fut confrontés à des conditions maritimes difficiles et il fut plusieurs fois endommagés, jusqu’au jour où les propriétaires estimèrent que le coût des réparations était trop élevé et le vendirent à la Falkland Islands Company, qui le laissa plus ou moins à l’abandon. Il ne fut renfloué qu’en 1970 par Erwan Corlett, un architecte naval, et ramené à Bristol depuis les îles Malouines.


La visite du navire, sur les traces des passagers et des hommes d’équipage

Le pont et les quartiers de la première classe

Il est ensuite possible de découvrir ce fameux navire où, à l’aide d’un audio-guide, est conté au visiteur l’histoire des passagers et des hommes d’équipage. On commence par monter sur le pont extérieur, d’où l’on bénéficie d’une vue imprenable sur Bristol, si par chance le mauvais temps ne vient pas sans mêler. Les privilèges de la première classe étaient nombreux, avec, entre autres, la partie arrière du pont extérieur, entre le mât principal et la barre, qui leur était réservé, ou encore, une vache qui était gardée sur le pont afin de leur fournir du lait frais.

À l’intérieur du navire, les cabines de première classe, le quartier d’entrepont, les pièces communes (salons, cuisines etc.) ainsi que la salle des machines et la réserve ont été réaménagé selon l’époque victorienne et des mises en scène avec des statues de cire reconstituent l’ambiance… Fous rires garantis, petits et grands adoreront ! Le navire a été divisé en trois ponts intérieurs : les deux premiers dédiés aux passagers et le troisième au transport de marchandises et de bétails. Les première et deuxième classes (puis plus tard la troisième classe), se partagent les deux ponts passagers mais sont séparées par la salle des machines et la chaudière, placées au centre du bateau. La première classe est située à l’arrière du navire tandis que les deuxième et troisième classes sont installées à l’avant.

La visite se prolonge par le pont de promenade, au sein de la première classe.  On y découvre la cabine du commandant, l’infirmerie, les cabines privatives et les salons privés. Chaque cabine comprenait des couchettes une place superposées et permettait d’accueillir deux à quatre personnes. Un table munie d’une bassine, un canapé et un coffre pouvaient venir compléter l’ameublement si la cabine n’était pas trop étroite. Malgré le luxe de l’époque, la taille des cabines et des lits est extrêmement petite. Ceux-ci sont tellement étroits que le rebord en bois a été sculpté de façon à laisser dépasser les épaules…

La salle des machines

Puis, on découvre l’immense salle de machines, reproduite selon le modèle de l’époque, mais avec des matériaux légers et contemporains. Élevé sur trois étages du navire, le moteur à vapeur pesait 340 tonnes et la reconstitution actuelle en fonctionnement permet de se rendre compte de la puissance de cette technologie. Ce moteur était construit autour d’une grande roue en bois centrale entraînant quatre lourdes chaînes de sept tonnes. Ces chaînes permettaient ensuite de faire tourner des roues dentées activant ainsi la rotation de l’arbre d’hélice. La roue centrale tournait, quant à elle, grâce à un vilebrequin de quatre cylindres. Le vilebrequin est un élément du moteur permettant de transformer un mouvement linéaire rectiligne non uniforme en un mouvement rotatif continu (la roue). La vapeur du moteur était produite à partir de 200 tonnes d’eau de mer chauffées dans la chaudière et transmise ensuite dans les cylindres produisant ainsi le mouvement du moteur.

Le navire pouvait transporter 1200 tonnes de charbon, ce qui était suffisant pour la traversée de Bristol à New York mais largement insuffisant pour le trajet jusqu’en Australie (Liverpool – Melbourne). Brunel avait préféré cette solution de roue centrale avec chaînes silencieuses à la place du système classique de vis d’Archimède, considéré comme beaucoup trop bruyant pour un navire de passagers. Il s’agissait là encore d’une avancée de la part de Brunel avec la première utilisation commerciale de la technologie de la chaîne silencieuse. Ce système permettait au vilebrequin de fonctionner à une vitesse de 18 tours par minute et à l’hélice de tourner à une vitesse de 54 tours minute. Le Brunel’s SS Great Britain atteignait ainsi 12 nœuds, soit 22 km/h environ.

De l’autre côté de la salle des machines et au centre du bateau, séparant ainsi les différentes classes, se trouvaient les salles communes, dont un espace toilettes – salles de bain, ainsi que les cuisines et les réserves de nourritures…

L’entrepont de la deuxième et troisième classe

La visite continue à l’avant du navire, dans les quartiers de l’entrepont qui accueillaient à la fois les seconde et troisième classes. Ici, peu de grands espaces communs, pas de salon, tout est à l’optimisation. Il n’existe pas de cabine individuelle, les couchettes, en lits superposés, sont placées le long de plusieurs couloirs. Celles situées au centre du bateau s’organisent en carrés de deux lits superposés et proposent un peu plus d’intimité : la possibilité de tirer un rideau à l’entrée…

De nombreux journaux et de lettres de l’époque permettent de retracer le parcours de ces voyageurs, certains fortunés et d’autres moins. Alors que l’audio guide nous conte le faste de la vie au sein de la première classe, en seconde et troisième classes, l’ambiance est plus maussade et les conditions de vie plus difficiles. Un des émigrants écossais, Allan Gilmour, écrivait dans son journal que les couchettes étaient sombres et petites, que les couloirs étaient tellement étroits qu’une seule personne pouvait s’habiller à la fois… Pour la plupart des passagers de l’entrepont, le plus difficile était de bien s’entendre avec son voisin. La proximité, le manque de place et d’intimité développaient des tensions entre les voyageurs et les bagarres n’étaient pas rares.

La salle à manger de la première classe

Puis, on découvre sur le pont inférieur l’immense salle à manger de la première classe. 24 colonnes de blanc et d’or ont été disposé sur toute la longueur de la pièce et sur les côtés. Des banquettes rouges sont installées autour des longues tables, pouvant accueillir jusqu’à 360 personnes à l’époque. Des cabines encore plus luxueuses se cachent derrière les nombreuses portes longeant la salle. L’entrée au quartier des stewards se trouve dans un coin de la salle tandis que de l’autre, un espace est dédié aux musiciens. De nombreux passagers passaient leur temps libre dans cette pièce, à boire, manger, rire et danser. Au menu, on trouvait de la soupe, des pigeons, des tartes de veau, du porc, du jambon, de nombreux desserts, des tartes et des gelées ainsi que du fromage. Le navire était également rempli de vin et de spiritueux, ce qui n’arrangeait pas le mal de mer de certains…

Salle à manger
Source : commons.wikimedia.org

La visite se termine par la découverte des cales du bateau où étaient entreposées toutes les réserves du navire. Une liste, établie en 1864, dénombre les animaux embarqués pour une traversée : une vache, trois bœufs, 150 moutons, 30 cochons, 500 poules, 400 canards, 100 oies et 50 dindes, ainsi qu’assez de nourriture pour les faire manger !

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