Jour 1, Rive Nord de la Liffey
06 Septembre 2012
The Jeanie Johnston est amarré sur les quais de la Liffey, sur le North Wall Quay. Cet imposant navire à trois mâts ne passe pas inaperçu. Très photogénique, il est visible depuis plusieurs ponts de la Liffey et de l’autre rive sud. Sa visite raconte l’histoire de ce navire, qui a navigué entre Tralee, dans le comté de Kerry, et l’Amérique du Nord entre 1847 et 1855.
Un premier arrêt sur le pont du navire permet de comprendre l’histoire actuelle du navire et dans quelles conditions il a été construit. Une équipe internationale a travaillé sur sa construction pour en faire une réplique la plus fidèle possible d’un voilier du 17e siècle, le « Batavia », tout en respectant les normes de la réglementation maritime internationale. Il sera achevé en 2002 et effectuera son premier voyage de Tralee jusqu’au Canada et aux États-Unis. En plus de sa fonction de musée, le navire est actuellement utilisé en tant que voilier école et il participe à plusieurs courses internationales de voilier école.
La descente vers les quartiers faiblement éclairés, sous le pont, plonge ensuite le visiteur dans l’histoire originale du Jeanie Johnston, au temps où la population criait famine et où nombreux étaient ceux qui fuyaient en Amérique, à la recherche d’une vie meilleure dans le Nouveau monde. L’aménagement méticuleux des quartiers et les mises en scène réalisées grâce à des statues en cire retranscrivent à merveille les dures conditions de vie des passagers et de l’équipage vivant dans un espace si confiné pour une traversée de 5000 km entre vents et tempêtes.
Le Jeanie Johnston était à l’origine un cargo de commerce transportant du bois du Canada jusqu’en Irlande. Réalisant la traversée Irlande – Canada à vide, et voyant les ravages que fit la grande famine en Irlande, le capitaine James Attridge décida, le 24 avril 1848, de transporter des émigrants vers l’Amérique du Nord, réalisant ainsi un intéressant profit.
La grande famine (1845-1851), également appelée The Irish Potato Famine, est une catastrophe provenant en partie du mildiou, un parasite qui détruisit les cultures de patates, et en partie d’une désastreuse politique de commerce, puisque les ports continuèrent d’exporter de la nourriture vers l’Angleterre. S’en suivit une pénurie de nourriture qui entraina une famine et de nombreuses épidémies. Aux victimes de la famine s’ajoutèrent prés de 2 millions d’émigrants. L’Irlande perdit prés d’un tiers de sa population en dix ans et le phénomène d’émigration perdura jusqu’au début du 20e siècle.
Entre 1848 et 1855, le Jeanie Johnston réalisa 16 voyages vers New York, Baltimore et Québec, transportant prés de 2500 émigrés sains et saufs vers le Nouveau monde. Malgré la traversée de sept semaines dans des conditions de vie difficiles et à l’étroit pour les 200 passagers, aucun décès n’a été à déploré sur le navire, grâce aux règles de vie instaurées par le capitaine James Attridge et l’expérience du médecin du navire, le Dr Richard Blennerhassett.
Les quartiers de vie se composaient de couchettes étroites, qui pouvaient être partagées par quatre adultes, et d’une table centrale pour se restaurer. Les passagers vivaient les uns sur les autres dans cet espace restreint peu éclairé, malodorant et insalubre du fait du manque d’hygiène.
Les règles de vie à respecter sur le navire étaient strictes afin d’éviter tout accident et « dérapage humain ». La liste des interdictions comprenait, entre autre, les jeux d’argent, les boissons alcoolisées et les sermons.
Pour éviter les incendies, il était interdit d’allumer le moindre feu, comme une bougie. De ce fait, la salle de vie était plongée dans la quasi obscurité, seules quelques lanternes permettaient d’éclairer un peu. Les provisions étaient distribuées à l’équipage toutes les semaines. Composées de produits secs et d’un peu d’eau, ces vivres représentaient un régime maigre pour les passagers et les membres de l’équipage.
J’ai visité l’Irlande il y a deux semaine en août 2019, pays magnifique, et par la même occasion la goélette Jeanie Johnstone à Dublin. Histoire extraordinaire narrée par un guide enthousiasmant et qui m’a impressionnée. Votre article en fait un bon résumé Merci !!! Gabriel Mourier Paris
Merci Gabriel ! Il semble que la visite guidée du Jeanie Johnston soit toujours d’aussi bonne qualité, c’est un bon point !